Chimiothérapie et activité physique • Par Maude Le Goupillot
Bonjour, je m’appelle Maude Le Goupillot et après 4 ans d’école, le temps est venu pour moi de travailler sur un mémoire de recherche. J’ai choisi pour cela un sujet qui me tenait à cœur personnellement, mais qui tient également à cœur à de nombreuses personnes. En effet, environ 3,8 millions de Français sont atteints d’un cancer. Au fil de mes recherches, j’ai choisi de cibler la période de chimiothérapie et l’importance de la pratique d’une activité physique à cette période, cela représente en effet un enjeu de taille dans la lutte contre cette maladie. Ce billet de blog retrace les principaux éléments qui vont vous permettre une prise en charge optimale des personnes atteintes de cancer et en période de chimiothérapie d’après les dernières données de la recherche.
Depuis des années, les bénéfices de l’activité physique comme outil pour lutter contre le cancer ont été étudiés et démontrés. C’est ainsi que sont nés plusieurs programmes comme le programme “avirose”, créé par la kinésithérapeute Jocelyne Rolland, et qui permet aux femmes touchées par un cancer du sein de pratiquer l’aviron dans des cabinets de kinésithérapie spécialisés. Récemment, les chercheurs se sont intéressés à la pratique de cette activité physique dès la période de chimiothérapie, qui est le traitement le plus courant pour les patients atteints de cancer.
Les bénéfices :
Les bénéfices avérés qui sont ressortis des différentes études et notamment de la revue systématique de Cave et al. en 2018 sont :
– Amélioration et/ou maintien de la condition physique
– Diminution des effets secondaires
– Anticipation du retour au travail
– Diminution de la fatigue (même si l’activité physique permet de réduire la fatigue lorsqu’elle est pratiquée entre les traitements, elle est d’autant plus efficace lorsqu’elle est initiée dès le début du traitement)
– Amélioration de la qualité de vie
D’autres études ont pu mettre en avant d’autres bénéfices :
– Réduction des symptômes des neuropathies induites par chimiothérapie (Duregon et al, 2018),
– Prévention des cardiomyopathie induites par chimiothérapie (cavaretta et al, 2017)
– Meilleure tolérance vis-à-vis du traitement dans certaines études (Bland et al, 2019)
– Impact positif sur les troubles psychologiques
Il est cependant à noter que ces études sont menées pour la plupart pour les types de cancer les plus courants (sein, côlon, prostate, etc.).
Recommandations
Il n’y a pas de recommandations propres à ces patients mais il faut se rapprocher le plus possible des recommandations de l’OMS et de l’ANSES, soit :
Retenez que chaque PEC doit être adapté aux patients et à leurs capacités, des études sont en cours pour connaître les meilleurs modalités d’exercice (intensité, répétitions, etc.). L’activité physique combinée d’endurance et de renforcement à une intensité modérée à élevée semble être la meilleure option, sans qu’il y ait de consensus pour l’instant.
Les freins à l’adoption
Les freins à l’adoption de l’activité physique chez les patients que j’ai identifiés lors de ce travail sont :
– dans la Littérature : se sentir malade, fatigue, perte d’intérêt, les vacances, les nausées et vomissements (Courneya et al, 2008)
– dans mon étude : fatigue (75% des patients), effets secondaires (40%), douleur (25%), 10% des patients ne savent pas où pratiquer
Mais, quel est le rôle du kiné ?
Le kinésithérapeute peut avoir la double compétence de professionnel de santé et d’éducateur sportif (à condition d’avoir sa carte de professionnel) cela permet la prise en charge des patients qui ont une prescription pour pratiquer une activité physique adaptée. De plus sa place dans le système de santé lui permet également d’éduquer le plus grand nombre de personnes possibles (patients, proches, autres professionnels).
En pratique, quels sont les outils concrets ?
– Informer les patients, qui sont souvent pas assez informés des bénéfices etc. (20% des personnes de mon étude ne connaissaient pas les bénéfices)
– Accompagner les patients dans leur pratique. Adamsen et al, 2017 ont identifié 4 étapes qui permettent d’autonomiser le patient dans sa pratique de l’activité physique.
– Cet accompagnement est possible également en télésoin, en établissant un programme avec le patient, enfin vous pouvez donner des rendez-vous intermédiaires de contrôle, tous les moyens sont bons pour amener vos patients à bouger !
Les kinés font bouger leurs patients et ça fonctionne plutôt bien !
Salut,
ton étude a l’air super intéressante, est-ce qu’il serait possible de la lire ou de lire ton mémoire ?
Merci