Exercice forcé et Parkinson

• Par Perrine Sanchez

Je m’appelle Perrine Sanchez, diplômée de 2020 à l’IFMK de Vichy. J’ai choisi ce sujet de mémoire de fin d’étude grâce à un stage effectué pendant mon cursus de formation. J’étais stagiaire au centre de rééducation Pomponiana à Hyères et un tuteur m’a parlé de l’exercice forcé. Après mes recherches bibliographiques, j’ai trouvé le principe très intéressant, et lors du choix de thème de mémoire en fin de cursus, il m’a paru pertinent de développer ce sujet.

Alice

Définition et physiologie

La maladie de Parkinson idiopathique (MPI) est un problème majeur de santé publique : c’est la deuxième maladie neurodégénérative la plus fréquente après la maladie d’Alzheimer 1. Les déficits moteurs induits par la maladie entraînent de nombreuses limitations d’activité et donc une perte d’autonomie au long cours.

De nombreuses thérapies sont mises en place lors de la rééducation des patients Parkinsoniens sans que l’on soit certains de leur intérêt. On connaît par ailleurs l’importance de la pratique d’une activité physique régulière chez les patients atteints de maladie neurologiques dégénératives. De ce fait, on peut se demander quelle serait l’activité idéale : celle qui pourrait être la plus efficace pour retarder l’apparition des symptômes moteurs, en améliorant les capacités motrices des patients ?

En 2003, Jay L. Alberts a fait la découverte fortuite pendant une semaine de randonnée à tandem, qu’un pédalage plus rapide (supérieur à son rythme habituel) chez un patient Parkinsonien pouvait améliorer ses symptômes moteurs.2

Des études interventionnelles ont donc été réalisées afin de déterminer s’il existait une amélioration des symptômes après différents protocoles de pédalage : c’est ainsi que le terme d’« exercice forcé » (EF) a été défini.

 

Lors de la réalisation de la revue de littérature, le but était de synthétiser ces différentes études, et donc de déterminer si ce genre de protocole pouvait avoir un effet bénéfique sur les capacités motrices des patients Parkinsoniens.

En général, ce pédalage est effectué à une cadence 30% supérieure au rythme de confort, ou alors entre 80 et 90 répétitions par minutes (RPM) ou encore entre 60 et 80% de la fréquence cardiaque maximale du sujet, sur cycloergomètre.

Les conclusions tirées sont que l’exercice forcé permet une amélioration significative de la qualité de la marche, à court comme à long terme, et une amélioration variable de l’UPDRS item III, qui évalue les capacités motrices des patients.

 

Lors du pédalage cadencé, les récepteurs proprioceptifs (musculaires et articulaires) périphériques sont davantage stimulés que lors d’une cadence moindre. De ce fait, les efférences atteignant le cortex cérébral sont plus nombreuses et plus puissantes, et permettent donc une activité accrue du cortex moteur.3 Or, dans la physiopathologie de la MPI, on sait que c’est le déficit d’activité du cortex moteur qui entraîne les symptômes moteurs. Cela pourrait expliquer l’amélioration des capacités motrices après la mise en place du protocole d’EF.

Rétrocontrôle de la marche

La mise en application

Toutes les études réalisées sur le sujet comprenaient un protocole d’exercice en institution, or, la majorité des patients Parkinsoniens sont pris en charge par des kinésithérapeutes libéraux. De ce fait, une adaptation à la structure doit être faite lors de la mise en place de ce protocole.

En se basant sur ces études, une proposition de protocole simple et peu contraignant peut être faite :

– 2 séances par semaine pendant 8 semaines

– Sur cycloergomètre

– 5 à 10 minutes d’échauffement : 50-60 RPM

– 30 à 40 minutes d’exercice forcé : 80-90 RPM (60-80% de la Fcmax)

– 5 à 10 minutes de récupération : 50-60 RPM

Lors de la mise en place du protocole, le temps d’EF pourra être augmenté au fur et à mesure des séances, en fonction des capacités du patient : et surtout il est possible que le maintien des 30 à 40 minutes d’EF ne soit pas possible initialement.

Bien entendu, ces séances sont en complément des séances de rééducation dites « classiques ».

Rétrocontrôle de la marche

Perspectives

Les études ont été réalisées à l’aide de pédalage classique, mais il est possible d’imaginer obtenir des résultats comparables lors d’un pédalage à bras ou d’une autre activité. Il pourrait être pertinent de réaliser des études interventionnelles sur le sujet.

Qui plus est, dans les études de SM. Linder, le même protocole d’EF a été appliqué à des patients ayant été victimes d’un accident vasculaire cérébral. On retrouve une amélioration significative du test de Fugl-Meyer (qui teste la capacité du patient à réaliser un mouvement isolé) par rapport à un pédalage classique.4 Cela représente une piste intéressante d’application de l’EF sur d’autres pathologies neurologiques.

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Ressources

[1] Corvol J-C, Hunot S. Parkinson (maladie de). Inserm – La science pour la santé 2015. https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/parkinson-maladie (accessed November 12, 2019). 

[2] Alberts JL, Linder SM, Penko AL, Lowe MJ, Phillips M. It Is Not About the Bike, It Is About the Pedaling: Forced Exercise and Parkinson’s Disease 2011;39:10. 

[3] Wakeling JM, Horn T. Neuromechanics of muscle synergies during cycling. J Neurophysiol 2009;101:843–54. 

[4] Linder SM, Rosenfeldt AB, Davidson S, Zimmerman N, Penko A, Lee J, et al. Forced, Not Voluntary, Aerobic Exercise Enhances Motor Recovery in Persons With Chronic Stroke. Neurorehabil Neural Repair 2019;33:681–90.

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