Dans nos consultations quotidiennes, celles pour une plainte en lien avec l’épaule sont très fréquentes, et le diagnostic donné par le médecin peut parfois nous questionner. En effet il peut être différent de l’idée que nous nous faisons de ce patient après quelques minutes, ou le tableau clinique peut avoir évolué depuis la consultation médicale à l’origine de la prescription. Il faudra alors en informer le médecin et avec Kobus, votre compte rendu sera tout prêt ^^.

Il est donc essentiel d’avoir quelques éléments de diagnostic kinésithérapique en tête. Cet article a vocation à faciliter l’organisation de vos connaissances !

L’évaluation de l’épaule comporte comme toute évaluation un entretien. Cette phase de l’examen doit préciser le type d’atteinte dont souffre le patient, catégoriser la pathologie dont souffre le patient.

L’entretien permettra de :

– diminuer la probabilité d’être en présence d’une douleur projetée, notamment des cervicales vers cette zone
– diminuer la probabilité que la présentation clinique soit due à une atteinte radiculaire
– diminuer la probabilité que la présentation clinique soit due à un trouble viscéral
– d’éliminer les hypothèses de présence de pathologies sérieuses et de valider la possibilité de prendre en charge le patient

L’entretien peut être suffisant à lui seul pour suspecter l’une des 5 catégories cliniques suivantes :

– épaule instable (déchirure labrum, type 1, atraumatique 2 ou 3 )
– épaule raide (ex : due à une capsulite, ou secondaire à une chirurgie ou un trauma)
– atteinte en lien avec la coiffe des rotateurs (tendinopathie réactive, tendinopathie calcifiante, bursite pertinente, atteinte de la longue portion du biceps)
– atteinte en lien avec la clavicule, au niveau acromio-claviculaire (instabilité, arthrose A/C) ou sterno-claviculaire (S/C)
– épaule faible (avec une faiblesse vraie, sans lien avec une inhibition douloureuse)

On va tout résumer dans un algorithme à télécharger (et pas que) tout en bas de l’article !

 

Entretien

Les éléments de bilan qui suivent, exprimés par le patient, seront déterminants.

1. Parmi eux, l’élément déclenchant du problème ou mode d’apparition est primordial : traumatisme, chirurgie, début progressif ou soudain sans raison claire, n’orienteront pas le raisonnement de la même manière.

– Un traumatisme récent va nous demander d’exclure une lésion possiblement passée inaperçue lors des premiers examens, et d’orienter rapidement vers une recherche d’instabilités gléno- humérales ou acromio-claviculaires dues à des lésions anatomiques.
– Une chirurgie récente nous amènera plus facilement à considérer l’épaule comme une épaule raide avec des capacités musculaires diminuées, ou comme une simple épaule faible avec des critères de cicatrisation à respecter en fonction du geste. Les capacités à retrouver seront assez claires dès le début, et cela n’imposera pas de recherche diagnostique particulière.

Plus les symptômes et signes dureront à la suite d’un trauma ou d’une chirurgie, et plus il faudra considérer qu’un autre élément peut être en lien avec la présentation clinique. Il faudra penser à réévaluer la stratégie de prise en charge.

– Une pathologie avec un début progressif va nous demander d’exclure les pathologies cancéreuses ou systémiques, avec la recherche de signes non spécifiques (asthénie, fatigabilité accrue, signes inflammatoires généraux) ou l’identification d’une douleur référée, et d’éliminer les symptômes d’origine cervicale.

2. Le fait de rapporter une sensation dinstabilité, une instabilité vraie ou un épisode d’instabilité traumatique augmente forcément et fortement l’hypothèse d’être face à une épaule instable.

3. Une gêne fonctionnelle majeure et notamment une limitation de possibilité de mouvements augmentent l’hypothèse d’être en catégorie raide.

3. Des douleurs en lien avec l’usage de l’articulation augmentent l’hypothèse d’être en catégorie coiffe des rotateurs.

4. Des douleurs nocturnes ou indépendantes de l’usage du bras augmentent la probabilité d’une pathologie sérieuse ou d’une douleur projetée, et indiquent a minima d’être précautionneux lors de la mise en contrainte.

5. Une topographie ponctuelle proche de l’acromion, sans symptôme vers la/les scapula(s) ou la main, est en faveur d’une symptomatologie en lien avec l’épaule et diminue la suspicion d’une douleur référée.

Tout au long de votre séance, cherchez à identifier les qualités sur lesquelles s’appuyer chez votre patient : compréhension de la pathologie, implication, autonomie, confiance dans la récupération, capacités physiques ou encore absence de comorbidités. Identifiez aussi les freins qui pourraient gêner sa récupération : niveau douloureux élevé, problèmes sociaux, conflits avec une assurance, choix d’autogestion non pertinents.

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Examen

L’examen nous permettra de confirmer les hypothèses qui nous seront venues à l’esprit lors de l’entretien.

Lors de cette phase et de manière générale, il faut garder à l’esprit qu’il est possible qu’une raison que nous ne connaissons pas explique les symptômes, et que cela nécessitera soit d’en référer au médecin soit a minima de demander l’avis d’un collègue.

Si le patient ne décrit pas d’hyperalgie ou d’irritabilité importante (douleurs persistantes après sollicitations), nous vous proposons de réaliser les évaluations suivantes :

Identification d’un shrug sign (ou une raideur évidente)
Mobilité active en rotation latérale coude au corps (RL1 / RLC). Y ajouter une surpression d’un côté puis de l’autre, afin de rechercher une douleur de fin d’amplitude.

Élévations latérales
Vérifier l’élévation bilatérale simultanée (double élévation latérale, avec +/- de tension dans les doigts et le poignet, afin de faire varier la tension sur le système nerveux périphérique = ULNT1). Ensuite, il est possible d’y ajouter une surpression d’un côté puis de l’autre, afin de rechercher une douleur de toute fin d’amplitude.

RL-C résistée
Pour identifier un déficit de force (déficit > à 30%) des rotateurs latéraux, s’il n’y a pas de douleur associée.

Jobe lat
C’est le test de Jobe coudes fléchis, avec une résistance à l’élévation dans le plan de scaption, qui semble être meilleur que le Jobe décrit initialement.

Patte
On teste les rotateurs latéraux en rotation latérale en abduction à 90° (RL-A)

Gerber/Lift off ou Belly press test
En fonction de l’atteinte et de la mobilité médiale, ou du besoin d’identifier un déficit de force, on utilisera l’une ou l’autre de ces positions. Main-ventre pour le Belly press / Main-dos pour le Lift off.

Extension passive
Il faut s’assurer d’aller en fin d’amplitude d’un côté puis de l’autre, afin de rechercher une douleur et d’identifier une perte d’amplitude nette comparativement (20°).

Exploration d’une souffrance du biceps, notamment de sa longue portion. Les tests de Yergason ou biceps load 2 peuvent aider. La longue portion du biceps stabilise la tête humérale et a un lien étroit avec le labrum. Devant une souffrance du biceps, veillez à évaluer la présence d’une autre cause, comme une atteinte d’un autre tendon ou une faiblesse d’un groupe musculaire postérieur, et considérez le biceps comme une victime et non un coupable au début.

Enfin en fonction du résultat de ces tests, vous pouvez de nouveau avoir besoin de creuser l’hypothèse cervicale, notamment avec des surpressions lors de mobilisations, des maintiens statiques ou des mouvements répétés cervicaux. Et peut être creuser un peu plus les facteurs psycho-sociaux.

Dans le cas contraire, vous avez pu identifier l’une de ces catégories :
– épaule instable
– épaule raide
– atteinte en lien avec la coiffe des rotateurs
– atteinte en lien avec la clavicule
– épaule faible

On a vu lorsque la catégorisation comporte beaucoup de paramètres. Si on y ajoute le fait que le mécanisme de la douleur peut grandement influencer l’examen et la catégorisation, cela complexifie le travail, c’est ce qui est intéressant ! Il faudra chercher à distinguer les douleurs périphériques purement nociceptives des douleurs en lien avec une sensibilisation centrale, car cela influe sur l’examen mais aussi la prise en charge.

Le tableau ci-dessous résume ces deux points en fonction du niveau d’irritabilité ou de la sévérité :

Patient pas ou peu irritable Patient irritable ou sévère
Dominante Nociceptive Périphérique Améliorer le mouvement, le recrutement musculaire, le contrôle moteur, les paramètres de force et de résistance, se rapprocher des capacités fonctionnelles maximales Réduire la douleur, faciliter le recrutement musculaire, adapter les sollicitations, viser l’endurance et les capacités fonctionnelles
Dominante Sensibilisation Centrale Diminuer la kinésiophobie, améliorer la confiance en soi et en ses capacités, limiter les comportements d’évitement Exposition graduelle très progressive, identifier des exercices réalisables ne déclenchant pas ou peu de douleurs, solliciter d’autres zones, utiliser les sollicitations aérobies, la thérapie miroir.

Enfin la démarche sera d’affiner la compréhension de la “big picture” au fil des séances, notamment les attentes et les objectifs, tout en continuant la construction de l’alliance thérapeutique.

On espère que cet article vous aidera à y voir plus clair dans vos prises en charge des problèmes d’épaule !

On vous a tout résumé dans un algorithme (ou presque) à télécharger ci-dessous. En prime, vous aurez accès à des fiches détaillées sur chaque test de l’épaule ET en ultrabonus, le replay du webinaire que l’on a fait avec Frédéric Srour, Monsieur Epaule en France. 

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