La pubalgie

La pubalgie est une pathologie que l’on peut rencontrer fréquemment si l’on pratique dans le domaine de la kinésithérapie du sport.

Les kinés suivant des équipes de sports collectifs (football, rugby, hockey, etc.), ou suivant des sportifs pratiquants des activités générant de fortes contraintes de cisaillement au niveau de la symphyse pubienne, comme la course de haie ou le judo, rencontrent davantage de patients souffrant de pubalgie. Ainsi, il existe un biais de sélection car la prévalence de la pubalgie augmente dans leur patientèle (le nombre de cas par rapport à l’ensemble de la population du cabinet).

En effet, les personnes touchées sont principalement celles pratiquant des sports multidirectionnels, engendrant donc des cisaillements ou des pivots, la prévalence de la pubalgie pouvant aller jusqu’à 20% chez les pratiquants de ces sports.

Chez un patient sportif, ce diagnostic doit être évoqué devant toute douleur pubienne en l’absence d’autres étiologies possibles, face à un mode d’installation progressif associé à une notion de surmenage ou de sur sollicitation.

On éliminera donc petit à petit les autres étiologies les plus probables chez ce type de patients comme les tendinopathies isolées des adducteurs ou les tendinopathies des grands droits de l’abdomen.

Mais on éliminera également les pathologies intra-articulaires (Conflit fémoro-acétabulaire, lésions labrales, chondrales, arthritique, douleurs en lien avec la hanche), extra articulaires (tendinopathies, lésion des adducteurs, radiculopathie lombaire, hanche à ressaut interne). Et l’on veillera à ne pas être face à une pathologie sérieuse comme une ostéonécrose de la tête fémorale, une ostéochondrite disséquante, une arthrite septique, un processus oncologique.

Cette pathologie peut être en lien avec l’une de ces quatre structures :

• Les adducteurs

• L’iliopsoas

• Le ligament inguinal

• Le pubis

Encore une fois, les douleurs ayant pour origine l’articulation de la hanche ne rentrerons pas dans cette définition, contrairement à la définition anglo-saxonne de Groin pain ou Anterior hip and groin pain.

 

Tableau clinique

On retrouve donc typiquement une plainte douloureuse située principalement dans la zone inguinale de façon plus ou moins étendue, associée à un mode d’apparition insidieux/progressif pour 3/4 des cas, et des facteurs déclenchants / aggravants liés à la pratique sportive surtout initialement. En effet, passés les premiers temps avec une apparition de symptômes unilatéraux augmentés simplement après les entraînements et soulagées lors des échauffements, le tableau peut changer. La douleur devient alors bilatérale, elle est toujours exacerbées par l’entrainement, et en l’absence d’adaptation des contraintes ou de traitement efficace, peut aller jusqu’à une douleur limitant l’activité sportive, voire même la vie quotidienne.

 

Évaluation

Parfois, le patient est capable de démontrer un mouvement fonctionnel reproduisant sa douleur. Ce mouvement pourra servir lors des réévaluations et sera très parlant pour le patient si ses symptômes changent grâce au traitement. On pourra également utiliser des échelles telles que la Patient Specific Functionnal Scale (PSFS), comme j’en parle déjà ici. 

Les évaluations s’attacheront à reproduire les symptômes en utilisant les tests les plus reproductibles possibles, à gérer les facteurs de risque et à modifier les symptômes, rapidement si possible.

On reproduit fréquemment les douleurs lors de la contraction abdominale résistée ou lors de la contraction des adducteurs résistée, jambes en crochet ou tendues comme lors du 5s squeeze test.

Limiter la présence de facteurs de risque comme une diminution des mobilités de hanche notamment les rotations. Lors de l’évaluation, les amplitudes et les rotations se font en flexion de hanche et de genou à 90°. Par ailleurs, une quantité totale de rotation de hanche inférieure à 85° est un facteur de risque. L’évaluation de l’extension de hanche peut se faire avec le test de Thomas afin d’avoir une mesure reproductible, Il faut avoir éliminé une reproduction des symptômes lors de mobilisations passives thoraco-lombaires, lombaires, de hanche. Les tests sacro-iliaques sont idéalement tous négatifs (thigh thrust, Gaeslen, Saccral thrust, Compression, Distraction).

Et les tests de mouvements répétés de hanche ou rachidiens peuvent permettre de modifier les symptômes durablement. Enfin la palpation peut parfois aider à préciser le diagnostic.

 

Suivi et réévaluation

Les scores d’évaluation de la hanche comme le Hagos et le iHOT 12 peuvent également aider au suivi s’ils sont réalisés régulièrement et on a bien idée d’un outil qui permet cela 😉

Il existe notamment un test de terrain, le 5s squeeze test, qui peut vous être utile. Il est très facile à mettre en oeuvre en suivi, et consiste, patient en décubitus, à placer son avant bras entre les deux pieds du patient et lui demander de serrer l’avant bras au maximum durant… 5 secondes. Ce test semble utile s’il est réalisé souvent afin d’identifier une tendance à l’aggravation ou à l’amélioration.

 

Conclusion

Le maintien d’objectifs de carrière élevés se confronte souvent avec la réalité de l’exacerbation des douleurs et la limite de la performance et donc des résultats avec un taux de récidive élevé de 15 à 30%. Cette pathologie doit donc être prise en charge et suivie de près par le patient qui doit en comprendre les enjeux rapidement, et le staff ne doit pas négliger la possibilité d’aggravation de symptômes initialement bénins.

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