L’interprofessionnalité entre kiné et APA en soins de ville • Par Raphaël Michelon

Je m’appelle Raphaël Michelon et je suis fraîchement diplômé de l’IFMK de Saint-Maurice. Lors de mes études, les enseignants en activité physique adaptée (APA) ont su aiguiser ma curiosité : En quoi consiste précisément leur métier ? Comment les différencier d’un kinésithérapeute ? Quels sont les points communs entre nos deux métiers ? Le kiné et l’APA pourraient-ils travailler ensemble ? Quelles sont leurs relations en soins de ville … ? 

Pour tenter de répondre à toutes ces questions, j’ai décidé de réaliser un mémoire de recherche ayant comme problématique : “L’interprofessionnalité entre le masseur-kinésithérapeute et l’enseignant en APA est-elle concevable en soins de ville ?”. En voici les principaux résultats.

Qui fait quoi ?

La relation entre kinés et enseignants en APA est un sujet brûlant sur les réseaux sociaux : “ils pensent être légitimes pour faire de la kinésithérapie et nous laissent juste le massage.” ; “Ce sont eux qui ont fait de nous des ennemis en venant sciemment marcher sur nos plates-bandes.” ; “Concurrence déloyale.”… C’est pourquoi il me paraît important de commencer par définir les rôles de chacun.

Le kiné :

C’est un professionnel de santé diplômé d’État avec un niveau master et un grade licence (Arrêté du 2 mai 2017 du JO n°0109). Ses champs d’action sont la promotion de la santé, la prévention, l’éducation et la rééducation (Article L. 4321-1 du CSP). En conséquence, il analyse les troubles du mouvement ou de la motricité du patient, ses déficiences ou l’altération de ses capacités fonctionnelles via un BDK (Article R. 4321-2 du CSP). Pour mettre en œuvre ses objectifs thérapeutiques, le kiné utilise au choix des techniques actives ou passives (Article R. 4321-4 du CSP). Il a notamment le droit de toucher/mobiliser le patient. 

L’enseignant en APA :

C’est quant à lui un professionnel de l’activité physique de niveau master et de grade licence, master ou doctorat (Barbin, et al., 2016). Il fait lui aussi la promotion de la santé, de la prévention, de l’éducation (Fiche RNCP n°24540). Cependant, il fait de la réadaptation et de la réinsertion sociale. Pour cela, il s’exerce à quantifier le niveau d’activité physique hebdomadaire et à évaluer les capacités physiques globales de la personne pour ensuite réaliser un programme d’APA (Barbin, et al., 2016). L’exécution de son plan d’intervention passe par des techniques actives, de l’APA essentiellement. 

Comment travailler ensemble ?

Ces deux professionnels poursuivent un même but mais avec des moyens différents. Mon étude a tenté de déterminer quelles modalités de collaboration seraient possibles entre ces deux professionnels. Quatre modalités de travail différentes en interprofessionnalité sont ressorties après avoir réalisé des entretiens auprès de 2 kinés et de 2 enseignants en APA. Attention, ces 4 entretiens ne sont bien sûr pas représentatifs des opinions de tous les professionnels. Cela a néanmoins permis de dégager des axes de collaboration : 

1) Un travail en concomitance : les deux professionnels agissent de concert sur un même patient soit en se répartissant la prise en charge (ex : le kiné fait le renforcement musculaire et l’APA le réentrainement à l’effort) ou en insistant sur un même aspect (ex : l’APA et le kiné font tous deux le réentrainement à l’effort).

2) Un travail synchrone : Les deux professionnels interviennent ensemble au cours d’une même séance.

3) Un travail délégué par le kinésithérapeute : Après avoir réalisé un bilan, le MK délègue la prise en charge à l’APA.

4) Un travail en relais : Les professionnels se passent le relais soit si la prise en charge dépasse leur champ d’action ou de compétences, soit en fonction de l’évolution de l’état du patient (phase aiguë/chronique, taux d’invalidité…) ou bien en cas d’échec thérapeutique.

Il est bon de relever que la proposition numéro 3, à savoir un travail délégué par le kinésithérapeute, a été décriée par les ¾ des participants, de par le lien de subordination de l’APA envers le kiné. En effet, ce lien n’était pas jugé souhaitable.
La proposition numéro 4 concernant un travail en relais, nécessite une communication étroite et donc des moyens de communication facilitant la transmission des éléments permettant la prise en charge des patients.

Une seule et unique façon de travailler n’est donc pas ressortie. Néanmoins, tous les professionnels ont témoigné leur envie de travailler ensemble avec comme motivation commune, le bien du patient.

Que retenir ?

Si des modèles de coopération semblent exister, il reste cependant à imaginer des modèles économiques de fonctionnement, ou bien des sources de financement (mutuelles, collectivités locales…) pour concrétiser cette envie d’interprofessionnalité. 

Il y a plus d’idées dans deux têtes que dans une.”  Jacques Chirac

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