La vision des kinés de l’évolution de leur profession diffère selon les kinés comme on a pu le voir dans les articles “la kiné vue par les kinés” ( https://kobusapp.com/lakine-episode1/ ). Et qu’en pensent les étudiants en kiné ? Ce sont avant tout eux les kinés de demain !
Pour répondre à cette question, nous avons rencontré Juliette Quentin, la présidente de la FNEK. Elle a 20 ans mais une détermination de fer alors accrochez-vous bien parce que ça va bouger en kiné !
Bonjour Juliette, pourrais-tu te présenter ?
Je suis étudiante à l’Institut de formation de Brest en troisième année. L’année dernière, j’étais présidente de l’association des étudiants à Brest.
Je n’avais jamais entendu parler de la FNEK (https://www.youtube.com/watch?v=q2-mTQ16ekA&feature=youtu.be) avant qu’une amie m’amène à un week-end de formation organisé par la FNEK à Nancy en mai 2015. Ce fut un déclic ! J’ai découvert un réseau d’étudiants motivés pour s’impliquer dans leurs études et vraiment faire bouger les choses. Cela m’a donné envie de m’engager aussi et d’être actrice de ma formation.
Et c’est ce que j’ai fait : j’ai été élue à la présidence de la FNEK début juillet pour un mandat d’un an. J’ai donc quitté ma Bretagne natale pour venir m’installer à Paris et je fais une pause d’un an dans mon cursus pour me consacrer à la FNEK.
Et la FNEK c’est quoi exactement ?
C’est la Fédération Nationale des Etudiants en Kinésithérapie (http://fnek.fr/). C’est une fédération qui est née en 2002 et qui compte aujourd’hui 44 associations adhérentes (sur 46 instituts en France). C’est la seule organisation représentative des 7500 étudiants en kiné en France !
Nous avons deux rôles principaux.
Tout d’abord, offrir des services aux étudiants pour les accompagner dans leurs études. Nous faisons cela en éditant des guides et des kits et en organisant des événements et des rencontres. L’objectif est de leur apporter un complément à ce qu’ils vivent dans leur institut et de leur permettre d’appréhender au mieux leurs études.
Ensuite, nous représentons les étudiants au niveau national pour évoluer la formation et les études. Par exemple, la FNEK a participé à la refonte du programme des instituts en 2015 et va maintenant continuer à s’impliquer sur cette thématique en suivant la mise en place du nouveau programme.
EPISODE 1 : LA E-SANTE ET LA RELATION PATIENT-KINE
Quelle place pour la e-santé en kiné ?
La e-santé c’est très large. Je pense que les applications de e-santé, comme pour faire des bilans peuvent nous permettre (si on les utilise bien) d’avoir un suivi et une communication plus faciles et, en ce sens, c’est une vraie opportunité.
Ensuite, la réalité augmentée se développe beaucoup en kiné. J’ai pu le voir en stage, notamment sur les plateformes de force. J’ai constaté que cela apportait un vrai côté ludique. De plus, il y a des études qui montrent que la rééducation sans application dans la vie quotidienne est peu utile pour le patient. Donc à mes yeux, il y a un vrai potentiel dans la simulation lors de la prise en charge pour apporter du concret et plus d’efficacité.
Enfin, les objets connectés peuvent aussi être intéressants mais plus dans l’optique de l’éducation thérapeutique. En effet, cela permet au patient de plus suivre sa rééducation et son état, après que le kiné lui a expliqué. (si le sujet vous intéresse: on en a parlé avec le projet de sonde connectée de rééducation périnéale : https://kobusapp.com/emy/).
Pour le kiné, le suivi le plus important est le ressenti du patient donc ces objets sont d’autant plus utiles s’ils permettent de suivre la douleur ou la gêne par exemple. Jusqu’à présent, nous ne savons pas comment va notre patient en dehors de la séance !
Que penses-tu des craintes et des réticences face à la technologie?
La e-santé peut faire peur effectivement, mais au même titre que n’importe quelle nouveauté.
Les praticiens ont besoin de voir et de tester pour être convaincus. Mais il est important de bien montrer que le but n’est pas de couper les kinés de leurs patients, ni de remplacer les kinés par des robots ! Notre profession est très manuelle et cela ne va pas changer. Il faut donc voir les outils d’e-santé comme un outil de plus dans notre boîte à outils.
Est-ce qu’il faudrait que la e-santé intègre les programmes des instituts?
La formation pourrait utiliser certains outils d’e-santé, comme la simulation qui permettrait de s’entraîner avant de toucher de vrais patients !
De plus, les instituts ont un rôle d’information pour présenter aux étudiants ce qui existe et les outils qu’ils ont à leur disposition; tout en les rassurant que ce ne sont que des outils et pas quelque chose qui a vocation à les remplacer.
En revanche, les instituts peuvent plus difficilement faire la promotion d’un outil ou d’une application en particulier.
Comment va évoluer le rôle du kiné et sa relation avec le patient ?
Je pense que les kinés ont un rôle crucial à jouer dans notre système de santé.
La durée d’hospitalisation se réduisant, les kinés en libéral voient leur rôle renforcé et celui des kinés à l’hôpital intègre de plus en plus de prévention. Je crois que c’est la prise en charge des pathologies chroniques qui va le plus évoluer : les patients vont (et doivent) devenir plus acteurs de leur rééducation et le kiné va endosser un rôle d’éducateur thérapeutique qui donne les clés de son auto rééducation au patient. Ainsi, le patient ne viendra peut être plus tous les jours en consultation mais continuera à venir régulièrement pour que le kiné adapte la rééducation et fasse le point avec lui. Le reste du temps, il peut travailler chez lui. Cela suppose de nouveaux outils de suivi pour qu’il y ait un accompagnement régulier (qui peut être fait par des associations de patients par exemple où le praticien a aussi un rôle à jouer) et que le patient reste impliqué.
C’est là où la e-santé peut aussi apporter de solutions.
Une autre évolution est le niveau d’expertise des patients sur leur pathologie qui menace la “surpuissance du kiné” (comme de tous les soignants et médecins d’ailleurs). Mais pour moi, cela renforce encore notre rôle d’éducation thérapeutique : plus un patient est informé / sachant, plus on peut aller loin dans son éducation et plus on peut “l’équiper” pour qu’il soit véritablement acteur.